Lointain. Oui, si lointain. Le temps des combats et des morts. L'histoire de la violence et de la haine. L'histoire d'un rapport à l'humain et aux êtres. Combattre pour tuer. Combattre par plaisir. Le visage d'Asarha se releva lentement. Du fond de son désert, cela faisait longtemps qu'il sentait le sang couler, de par les milles univers, comme si c'était lui qui le faisait couler. Le temps de ses guerres étaient révolus depuis bien longtemps. La haine avait laissé place à la lassitude. Le temps de l'épée s'était effacé devant celui de l'écriture. Le temps avait coulé sur sa peau comme coulait le sang autrefois, et il s'en était allé, laissant son empire et ses alliances à leur décrépitude, les faisant tomber, arrachant à leur grandeur les puissances qu'il avait bâti lui-même.
Et puis, ce nom... Ce nom qui l'avait interpellé un instant. Dalton. of borg. Quel était ce nom. Un guerrier de plus parmi l'immensité. Un monde de plus comme il y en a partout. Tout est vain.
of borg.
Et puis, il avait commencé à s'y intéresser. Un stratège. Le deuxième qu'il ait jamais croisé à travers les mondes. De ces êtres qui soulèvent les montagnes. De ces êtres qui font surgir du néant la puissance. De ces êtres qui partent de rien, et qui arrivent à renvoyer au rien les noms de leurs adversaires. Etait-il de ceux, nombreux encore, qui montaient puis chutaient, dans l'indifférence générale ? of borgs
le nom résonnait dorénavant. Quel était ce collectif ? Quel était ses buts ? Il commença à fouiller. Sa silhouette éthérée traversait les bibliothèques, s'instaurait dans les quartiers généraux, regardait, écoutait, sentait, respirait. On aurait dit qu'elle commençait à vivre un peu, sa poitrine décrépie sentant à nouveau l'air emplir ses poumons.
Il entra là où les borgs semblaient accueillir les humains. Pauvres humains. Manifestement, ils n'étaient pas de taille ici. Etait-ce une chance ? Etait-ce une réflexion ? Etait-ce la preuve d'une grandeur ou d'un destin favorable. Rien n'aurait pu le faire pencher dans un camp comme dans l'autre. Ceux qui gagnent gagnent moins que leurs adversaires ne perdent .
Assimilation. Mais où était-elle ? Où était donc cette assimilation dont ils parlaient ? N'y avait-il aucun moyen ? Le collectif recrutait-il, à l'instar des milles et une alliances qui peuplaient les univers, du haut d'une tour d'ivoire, insensible, comme tous les grands, aux puissances montantes des univers ? Cela semblait étrange. La question franchit ses lèvres quand il entra dans la zone de contact humanoïdes, se mélant, sans véritablement les voir, aux êtres qui la peuplait:
- Qui peut devenir borgs ?
Il était inutile d'en dire plus, car cette phrase contenait en elle-même l'intégralité des questions qu'il se posait. Et l'attente, sans ce détachement qui lui était si courant face aux choses de la guerre et de la puissance, mais avec un intérêt prononcé qui faisait rougeoyer ses pupilles... Of borgs